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Le sans-gluten avance à petit pas

Source : Article Magazine LSA N°2072 du 09/01/2009

ALLERGIES -

De plus en plus connue et diagnostiquée, l'intolérance au gluten fait son coming-out. En réponse à ce phénomène, une offre se fraye une place dans les rayons des grandes surfaces. Adaptée, certes, mais pas encore très fournie.


C'est plus qu'une affaire de sémantique, presque une question d'honneur. Les Anglais ont droit à du « gluten free », les Français à du « sans-gluten ». Dans le premier cas, on en est libéré, dans le second, privé. Pour des industriels en quête de reconnaissance, la nuance est difficile à avaler. Surtout dans le pays de la gastronomie, où l'on n'envisage pas de nourriture sans plaisir. D'emblée, la mention « sans » connote négativement les produits. C'est peut-être pour cette raison que la France reste un marché de niche, très en retard par rapport aux autres pays.


L'entreprise Schär, l'un des leaders mondiaux du sans-gluten, réalise 120 millions d'euros de chiffre d'affaires... mais seulement 5 millions dans l'Hexagone. Au total, le marché des produits pour allergiques ne pèserait qu'une vingtaine de millions d'euros. C'est peu, mais il connaît des croissances à deux chiffres tous les ans. Surtout, la vision des exemples étrangers laisse augurer un beau potentiel. En Italie ou au Royaume-Uni, pays aux marchés comparables à la France, le chiffre d'affaires est supérieur à 100 millions d'euros.


L'offre s'élargit à la plupart des allergènes


Reste que pour intéresser la grande distribution, ce type de projections ne suffit pas. C'est de volumes et de chiffres de vente concrets dont il convient de parler. Les acteurs du marché l'ont bien compris, à commencer par Allergo, une marque appartenant à Lactalis. « Notre force est de ne pas nous adresser uniquement aux intolérants au gluten », indique Vincent Mayol, chef de groupe marketing de la division santé du groupe. La plupart des allergènes, arachide, oeufs ou lait par exemple, sont tous supprimés des chaînes de production de l'usine située près de Compiègne (Oise). « Se limiter à une offre sans gluten, c'est s'enfermer dans une niche, résume-t-il. Environ 600 000 personnes sont dites intolérantes, mais 10 % seulement sont diagnostiquées, soit à peine 60 000 ». 

L'intérêt d'élargir la cible paraît donc évident. « On estime que les allergies alimentaires concernent entre 3 et 4 % de la population des adultes, et 8 % des enfants », précise Gilles Gabory, directeur de clientèle pour Allergo. Cela commence à faire du monde, et ce n'est sans doute qu'un début. Le nombre d'allergiques est annoncé en croissance exponentielle. « D'ici à 10 ou 15 ans, 10 % de la population devrait être concernée », avertit Gilles Gabory. La faute, entre autres, à nos modes de vie modernes qui, souvent trop aseptisés, favorisent le risque de développer des allergies.

À ces clients naturels viennent s'ajouter les membres de la famille proche. Si l'on compte un allergique à table, par commodité les parents, frères ou soeurs vont selon toute vraisemblance partager le même repas. De quoi convaincre encore plus facilement les enseignes d'ouvrir grand leurs linéaires ; mais rien de cela n'est possible si aucun effort sur le goût n'est réalisé. C'était là, pendant longtemps, le point faible de ces produits.


Un premier restaurant sans gluten à Paris


« C'était », car de gros efforts sont aujourd'hui consentis. Signe des temps, le premier restaurant français entièrement sans gluten a ouvert ses portes fin octobre à Paris. Baptisé 
« Des si et des mets », il propose une carte développée par un ancien du restaurant L'Arpège (Paris VIIe). " Nous trouvons à peu près de tout en versions sans gluten, témoigne Laurence Clerjaud, créatrice du restaurant et elle-même intolérante au gluten. Pour ce qui est des biscuits, Schär, par exemple, présente une offre que je n'ai pas honte de proposer à mes amis. « Tout est pour le mieux, alors ? Pas encore, si l'on en croit la restauratrice : « Je rêve d'un bon croissant », glisse-t-elle, amusée.


Ce n'est pas faute, pourtant, de voir les gammes s'étoffer. « Lorsque j'étais plus jeune, les seuls biscuits auxquels j'avais droit, c'était les galettes de riz », se souvient Sébastien Jaffeux, responsable de la zone Europe du Sud-Ouest chez Schär, et également intolérant au gluten. Aujourd'hui, les choses ont bien changé. Chez Schär, la gamme compte 75 références en épicerie et 20 en surgelés. Du côté de l'entreprise PJPB, qui exploite la marque Exquidia en magasins spécialisés et cherche à implanter Gustodia en grandes surfaces, on se déclare sur un rythme de lancement de deux gammes de produits par trimestre. Mieux : Disney mange désormais sans gluten. « Cette gamme, spécialement développée pour les enfants, est destinée à montrer que l'on peut proposer du sans-gluten sans avoir une approche rébarbative », se réjouit Philippe Jacquet, le fondateur de l'entreprise PJPB. Cinq références sont déjà disponibles : deux en pâtes, deux en cookies, et une en biscuits apéritifs. Ce n'est qu'un début, car la gamme Mickey n'a pas vocation à rester mini.


JEAN-NOËL CAUSSIL ET ANGÉLIQUE D'ERCEVILLE

Article Magazine N°2072 du 09/01/2009 - @ JEAN-NOËL CAUSSIL ET ANGÉLIQUE D'ERCEVILLE